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Polynesia

La trilogie de Jean-Pierre Bonnefoy

Rongo Rongo

Retour à la page Rapa Nui, l’île de Pâques

Le plus grand des mystères de l’île de Pâques n’est peut-être pas la raison d’être des moai, les grandes statues, mais celle des Rongo Rongo, les fameuses tablettes.

Une légende de Rapa Nui (1) raconte que le père fondateur de l’île de Pâques, Hoa-Tu-Metua, partit de Mare Renga (2) vers Te Hitia o te Rä (3) à la recherche d’une île qu’il voyait toujours dans ses rêves. Avec sa grande pirogue double, il finit par arriver sur la plage d’Anakena de Te pito o te henua (4). Il avait avec lui 67 tablettes parlantes couvertes d’une multitude de signes, des Rongo Rongo.


(1) : nom pascuan actuel de l’île de Pâques (2) : île de Mangareva, archipel des Gambier, Polynésie française (3) : le soleil levant (4) : le nombril du monde, le premier nom de Rapa Nui, l’île de Pâques

Une autre légende rapporte que ce n’est pas un hasard si la signification des Rongo Rongo a disparu. Car Hoa-Tu-Metua, dont le mana (5) était considérable, aurait lui-même provoqué cette disparition. D’après certains anciens de Rapa Nui, il aurait déclaré : « Les événements à venir détruiront les tablettes sacrées que nous emportons avec nous et celles que nous fabriquerons dans notre nouveau fenua (6). Des hommes d’autres races garderont le peu qu’il en reste comme des objets inestimables, mais leurs tahu’a (7) les étudieront en vain sans jamais pouvoir les comprendre. Aue ! Aue ! »


(5) : pouvoir (6) : le pays, la terre (7) : expert

Le mana de Hoa-Tu-Metua était très puissant car il traversa les siècles. Personne ne sait aujourd’hui ce que sont les Rongo Rongo, peut-être une écriture… peut-être pas. Et il est exact qu’une énorme quantité de tablettes parlantes a été détruite au moment du contact des Européens avec Rapa Nui - souvent parce que les prêtres missionnaires se sont évertués à faire disparaître toute forme d’une prétendue idolâtrie… Force est de constater qu’il n’en reste que vingt-six de par le monde, réparties dans les musées, et que plus aucune n’existe sur Rapa Nui.

La charge onirique que les Rongo Rongo transportent a été l’un des déclencheurs du tome 2 de Polynesia - L’Invasion des formes. On trouvera dans ce livre, comme dans le tome 3, Le Pouvoir de signes, une approche toute particulière de ce qu’ils pourraient être… mais n’oublions pas, les romans sont surtout faits pour rêver, ce ne sont que des fictions… enfin, c’est souvent ainsi… mai te reira iho ä ! Les Rongo Rongo ont été découverts vers 1864. Suivant les auteurs, ils comprennent de 200 à 600 signes de base constituant plus de 1400 glyphes en tenant compte des variants. Certains penchent pour une écriture syllabique ou idéogrammatique…

L’une des caractéristiques surprenantes des Rongo Rongo est qu’ils ont été gravés sur les tablettes en utilisant la technique dite du « boustrophédon alterné » : On voit nettement sur les quelques tablettes conservées des petits personnages anthropomorphes facilement reconnaissables et inversés d’une ligne à l’autre.
Il est donc nécessaire de retourner constamment la tablette pour parcourir les différentes lignes si l’on veut garder la même orientation spatiale pour observer les différents symboles. Illustration
Les signes sont disposés les uns après les autres, mais arrivé au bout d’une ligne, le lecteur doit retourner la tablette de 180 degrés pour continuer sa lecture, le haut de la tablette devient alors le bas… Illustration
Les glyphes ont donc été créés comme le chemin tracé par le paysan avec sa charrue : arrivé au bout du champ, il retourne sur ses pas, et l’église qui était à sa gauche se trouve maintenant à sa droite… Illustration