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Polynesia

La trilogie de Jean-Pierre Bonnefoy

Nuku Hiva

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Nuku Hiva et Les Marquises

Nuku Hiva est la plus grande île de l’archipel (qui en compte une douzaine) et la deuxième de Polynésie française. Le 21 juillet 1595, l’espagnol Mendaña arrive sur l’île de Fatu Hiva (située à 240 km dans le sud-est de Nuku Hiva) et en l’honneur de la femme du vice-roi du Pérou baptise l’archipel :"Les îles Marquises de Don Garcia Hurtato de Mendoza". Jusqu’au début du 19ième siècle, les escales des navigateurs européens sont rares et de courte durée. La France annexe les îles Marquises en 1842 et y établit un représentant mais l’intérêt de la métropole est vite détourné au profit de Tahiti.

Au bord d’une rivière de Niku Hiva avec Nea

“Au bord de l’eau, Nea saute de pierre en pierre. Les formes qu’elle aime le plus, ce sont les sauvages, les vivantes, les fugitives, celles qui changent plus vite que les couleurs du couchant, plus vite que les nuages, celles qu’elle chasse comme en ce moment. Les images de l’eau, les miroitements éphémères de l’onde et du courant, celles qui naissent de leurs tournoiements et de leurs clapotis, toutes ces figures passagères et ces remous incertains, toutes ces choses si souvent mauves et verdâtres, qui se cachent pour mourir et que personne d’autre qu’elle ne perçoit. Elle les voit.”

Nea est une petite fille des temps anciens. Elle vit avec sa famille sur une île qui pourrait être celle de Nuku Hiva, appartenant à l’archipel des Marquises, nord-est de la Polynésie. Si au sein de cet archipel s’est développée une culture fondée sur l’art du tatouage, il se trouve que Nea s’intéresse aux formes. Les rapports qu’elle tisse avec elles vont troubler les esprits des tuhuna, les maîtres tatoueurs, en raison d’un certain nombre de manifestations étranges. Qui habite l’esprit de Nea ?

Nea développe avec les formes qu’elle capture des rapports spontanés et passionnels. Elles vont s’opposer aux formes ancestrales depuis longtemps matérialisées au sein des tatouages de la culture marquisienne.

Etymologie du mot : tatouage

(D’après « L’art du tatouage aux îles Marquises » Kark von den Steinen – Ed. Haere po 2005)

Le mot tahitien tatau vient des mots malais tatatu ou javanais qui signifient « blessure, blessé ». Tata signifie « frapper », si bien que tatatu signifie « frapper des blessures ». Mais, fait étrange, ce vieux terme n’est pas connu aux Marquises. Aux Marquises, on dit tikipatu c’est-à-dire « frapper des images », patu i te tiki dans le groupe des îles du nord et patu i te ti’i dans le groupe des îles du sud (de patu, frapper, et tiki ou ti’i, image, figure, motif, … ou encore image ou figurine représentant une divinité ou un ancêtre…). La blessure est devenue figure.

Cependant, le mot tatouage ne viendrait pas des Polynésiens mais de James Cook. Sous sa plume, tatau se transcrit par tattow ou tat-tow, et dans l’édition française des Voyages de Cook le traducteur JBA Suard n’hésite pas à placer la note suivante : « Nous avons cru devoir créer ce mot (tatoués) pour exprimer les petits trous peints que les Tahitiens se font sur la peau avec des pointes de bois. »

De la blessure vers les formes de Nea

Dans le tome 2 de Polynesia, une scène étrange montre comment Nea, par le biais surprenant d’une blessure, fait implicitement le lien entre les formes fugitives qu’elle chasse et les formes des tatouages de la culture marquisienne.