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Polynesia

La trilogie de Jean-Pierre Bonnefoy

Havai’i

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Le rêve de Havai’i, l’île espérée.

Dans le lagon d’une île des temps anciens, Ta’aroa le pêcheur et le constructeur de pirogues, regarde le Toa Marama. C’est une grande pirogue double, elle vient juste d’être achevée. Alors que Ta’aroa imagine le départ prochain sur l’océan, à bord de ce grand vaisseau, son fils s’approche de lui…

Une aube calme et reposée enveloppe le Toa Marama d’une douce lumière rose. Pendant la nuit, le vent est tombé. Les nuages se sont envolés. Ta’aroa regarde l’horizon. Derrière le motu où se trouvait le village, maintenant que tous les cocotiers sans exception ont été rasés, il aperçoit la frange argentée de la barrière de corail. En tournant légèrement la tête, il examine la seule passe de l’île. Elle est devenue plus large. Elle est praticable. Son regard se dirige ensuite vers les guirlandes de plumes fixées en haut des deux mâts. Les flammes colorées indiquent une brise faible. Il faudra conduire la pirogue en ramant jusqu’à la passe pour avoir un courant favorable. Ensuite, les deux grandes voiles pourront être établies. Alors qu’il est perdu dans ses pensées, son fils est venu près de lui : « Père, quand partons-nous ? – Bientôt, mon fils, bientôt. Nous allons demander aux dieux de protéger notre départ et ensuite nous prendrons la route. – Et où irons-nous ? – Vers Te Hitia-o-te-Rä, le soleil levant. – Et la nuit, comment ferons-nous, père ? – En regardant les chemins d’étoiles, les ta’urua qui se lèvent là où le soleil se lève ! – Et là, il y a une terre ? – Je l’espère, mon fils. »

Polynesia met en scène la quête de l’île à une époque lointaine où un peuple, les Polynésiens en devenir, part vers Te-Hitia-o-te-Rä, le soleil levant, à bord d’une grande pirogue double. Ils ne savent pas s’ils trouveront une île. Cependant, il la rêvent, il l’espèrent, elle porte un nom mythique, Havai’i.

Le mythe de Havai’i, l’île des ancêtres

Havai’i est aussi bien l’île d’où l’on vient que celle que l’on espère, comme s’il s’agissait toujours en allant d’îles en îles de reconstruire sur l’île espérée la demeure des dieux que l’on a quittée.

Inspiré du fond documentaire (1990) de l’ORSTOM (actuellement IRD, Institut de Recherche et de développement)

“Hawaiki (Havai‘i en langue tahitienne) est le symbole du pays lointain d’où partirent les ancêtres des premiers découvreurs du cœur du Pacifique”. “C‘est de là qu’ils partirent sur la route du soleil levant, et c’est vers Hawaiki que l’esprit de leurs morts retourne, en suivant la piste dorée que tracent sur l’océan les derniers rayons du soleil couchant”. “Ceux qui cherchaient aventure en dirigeant leurs navires à travers le Pacifique inconnu étaient des pêcheurs de haute mer en même temps que d’habiles marins. Ils pêchaient à la ligne des poissons et des îles. En ajoutant à leur matériel de pêche des pouvoirs magiques, certains d’entre eux, appartenant à demi au domaine du mythe, pouvaient remonter des îles du sein des profondeurs marines. Le plus grand pêcheur de toute la Polynésie fut Maui, un des premiers découvreurs qui devint légendaire. Il figure dans un cycle d‘exploits héroïques qui, au long des âges, ont été racontés par les aïeux … Ta’aroa, esprit mâle, enfante Tane, autre divinité principale. La mer apparaît, océan et rochers sur lesquels règne Tino-Rua, “seigneur de la mer”. “ ... en haut se tenait Atea (l’espace) et en bas Rua (l’Abîme). La terre était Havai’i, le berceau des autres terres, des dieux, des rois et de l’homme’’ (PH. Buck).

Dans la mythologie polynésienne, les îles Sous-le-Vent ont été considérées comme le pays originel où se trouvait Havai’i la patrie mythique et d’où procédaient les dieux et les traditions. On a vu que la légende faisait venir Tahiti de la rupture de la terre entre ce qui devint deux îles jumelles, Havai’i : Raiatea et ’Uporu : Taha’a.

De Ta’aroa à Moana

De fait, dans Polynesia, Ta’aroa parti vers Te-Hitia-o-te-Rä depuis une île située quelque part à l’ouest de ce qui est devenu aujourd’hui l’archipel de la Société, arrive finalement avec son petit peuple sur Havai’i.

Et c’est depuis cette même île (l’actuelle Raiatea) que Moana, son petit-fils, reprendra la route vers le soleil levant, vers une autre Havai’i… ou vers d’autres Havai’i !