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Polynesia

La trilogie de Jean-Pierre Bonnefoy

Mythes et légendes en Polynésie

Retour à la page PASSÉ Le temps de Ta’aroa

La légende de Ruahatu

La légende de Ruahatu est l’un des déclencheurs de la trilogie. Avec cette légende, avec les mythes qu’elle évoque, nous sommes immédiatement plongés dans la quête de l’île telle qu’elle apparaît dans Polynesia- Les Mystères du temps.

Dans le livre de Paul Gauguin « Noa Noa », elle est présentée ainsi :

Ruahatu lui dit d’aller sur le Toa Marama qui d’après les uns est une pirogue, d’après les autres une île ou une montagne, mais que je nommerai Arche, remarquant seulement que Toa Marama signifie Guerrier de la Lune, ce qui me fait supposer que l’Arche quelconque et l’ensemble de l’événement du cataclysme ont quelque rapport avec la Lune… Quand le pêcheur et sa famille se furent rendus à l’endroit indiqué, les eaux de la Mer commencèrent à monter et couvrant jusqu’aux montagnes les plus élevées, firent périr tous les êtres, à l’exception de ceux qui étaient sur ou dans le Toa Marama, et qui, plus tard, repeuplèrent les îles ou la terre…Paul Gauguin

Qu’est-ce qu’un mythe ?

“Le mythe apparaît comme un message par l’intermédiaire duquel une collectivité transmet de génération en génération ce qu’elle garde en mémoire de ce qu’elle considère comme son passé, dont le point de départ se confond avec l’origine des dieux, et qui a pour limite inférieure une époque assez éloignée pour que le narrateur se trouve dans l’impossibilité de vérifier la validité du discours qu’il tient.” Luc Brisson Ethnologue au CNRS

Mythe ou réalité ?

Voici un texte écrit par Louis-Antoine de Bougainville alors qu’il arrive pour la première fois à Tahiti avec ses deux navires l’Etoile et la Boudeuse en 1768, un an après que Wallis eut découvert l’île et un an avant le voyage de Cook.

Ce texte, comme bien d’autres, est souvent considéré comme imprégné de cette utopie insulaire que l’on évoque si souvent au sujet de la Polynésie.

C’est pour cette raison que je le place ici, avec les mythes. Mais il aurait très bien pu aussi se trouver dans une rubrique sur les îles, ou ailleurs ... en raison du rêve qu’il génère.

“À mesure que nous avions approché la terre, les insulaires avaient environné les navires. L’affluence des pirogues fut si grande autour des vaisseaux que nous eûmes beaucoup de peine à nous amarrer au milieu de la foule et du bruit. Tous venaient en criant “ tayo”, qui veut dire ami, et en nous donnant mille témoignages d’amitié, tous demandaient des clous et des pendants d’oreilles. Les pirogues étaient remplies de femmes qui ne le cèdent pas, pour l’agrément de la figure, au plus grand nombre des Européennes et qui pour la beauté du corps pourraient le disputer à toutes avec avantage. La plupart de ces nymphes étaient nues, car les hommes et les vieilles qui les accompagnaient leur avaient ôté le pagne dont ordinairement elles s’enveloppent. Elles nous firent d’abord, de leurs pirogues, des agaceries, où malgré leur naïveté, on découvrit quelque embarras ; soit que leur nature ait partout embelli le sexe d’une timidité ingénue, soit que, même dans les pays où règne encore la franchise de l’âge d’or, les femmes paraissent ne pas vouloir ce qu’elles désirent le plus. Les hommes, plus simples et plus libres, s’énoncèrent bientôt clairement ; ils nous pressaient de choisir une femme, de la suivre à terre, et leurs gestes non équivoques démontraient la manière dont il fallait faire connaissance avec elle. Je le demande : comment retenir au travail, au milieu d’un spectacle pareil, quatre cents Français, jeunes, marins, et qui, depuis six mois n’avaient point vu de femme ?” Louis-Antoine de BOUGAINVILLE 1768 - TAHITI

« Mythes tahitiens » par Teuira Henry

"Mythes tahitiens" (Editions Gallimard - 1993) est le titre d’un livre compilant une quantité impressionnante de données, réunies par Teuira Henry, sur les mythes de Tahiti.

Il provient d’une "adaptation" d’un livre de 1962 "Tahiti aux temps anciens" (Editions Société des Océanistes), lui-même émanant de la traduction d’un texte anglais édité après la mort de l’auteur Mlle Teuira Henry en 1915, qui compila en fait de multiples écrits venant de son grand-père JM. Orsmond et datant a priori du milieu du XIXe siècle. L’ouvrage de Teuira Henry - même s’il est parfois contesté par certains spécialistes qui le perçoivent comme enjolivé et/ou dont on dit que sa genèse aurait été biaisée par une influence biblique - a une caractéristique essentielle : il est unique. C’est une vaste et extraordinaire mine de légendes, de multiples histoires et de longues généalogies concernant (comme le dit Luc Brisson) une époque suffisamment reculée dans le temps pour qu’elle se confonde avec celle de la naissance des dieux et donc de Ta’aroa et de sa très nombreuse descendance. Quelques chapitres, et surtout l’ambiance générale de "Mythes tahitiens", ont permis de développer, dans chacun des tomes de la trilogie, des légendes et des mythes plus ou moins réels, plus ou moins imaginaires.